La taille
Principes de base
L’air et la lumière favorisent, de par la photosynthèse, la croissance de la ramure de l’arbre. Les parties les plus élevées, comme par exemple l’extrémité des charpentières, ou encore la cime, sont davantage alimentées en sève brute, et sont plus propices à s’accroître. Plus une branche ou un rameau est orientée à la verticale, plus elle sera favorisée pour s’allonger vers le haut, et pour former du bois.
Si, au cours de la formation et de la croissance de l’arbre, on constate un déséquilibre dans la hauteur des charpentières, on pourra raccourcir les plus hautes, pour que les plus faibles prennent leur place en étant plus alimentées.
Au contraire, un rameau orienté à l’horizontale ou vers le bas sera moins alimenté en sève brute, mais plus en sève élaborée, et ses yeux auront tendance à se transformer en boutons à fleurs, puis en fruits.
Si on privilégie la croissance de l’arbre, on le fait au détriment de la production de fruits. Et inversement.
Si on laisse trop de boutons à fleurs, on aura de nombreux fruits, mais la réaction du fruitier sera de produire peu de boutons et beaucoup de bois l’année suivante. C’est le phénomène d’alternance.
Il s’agit donc de limiter un peu la croissance, en s’arrangeant, par les tailles de formation et de fructification, pour favoriser la production de quelques fruits. Il est question d’équilibre entre les deux productions.
Plus on taille court, c’est à dire plus on enlève de bois à une branche, plus l’arbre aura tendance à faire des rejets longs et vigoureux. C’est une technique pouvant être employée pour revigorer un arbre (très utilisée pour une liane comme la vigne). Mais il faut veiller à conserver un équilibre entre les charpentières.
De même, plus on taille long, moins l’arbre aura de réaction. C’est plus indiqué quand l’arbre a atteint la taille désirée.
Période de taille
Pommiers, poiriers, pêchers, cognassiers : tout le long de l’année, mais plutôt grosse taille en hiver, et taille en vert en juin.
Les autres fruitiers, à noyaux, sont assez sensibles aux plaies de taille, qui sont la porte d’entrée aux spores de champignons, mauvaises bactéries et diverses maladies. Ainsi, préférer faire de petites coupes lors de la croissance de l’arbre (taille de formation), puis pour la fructification.
Cerisiers : après la chute des fruits.
Pruniers : en novembre.
Abricotiers et amandiers : durant l’hiver, et après la récolte.
Taille de formation
Elle a pour but de donner à un jeune arbre fruitier la forme (architecture) désirée, par des actions de taille successive, au fil des années.
Plusieurs conduites sont possibles :
– arbre de plein vent : tronc principal plus ou moins haut, puis charpentières partant à l’oblique
– contre-espalier : tronc assez bas, charpentières à plat sur un support (poteaux et fils)
– espalier : comme précédemment, mais contre un mur ; les poteaux sont remplacés par des fixations scellées dans le mur
Selon les essences et son inspiration, on peut donner des allures générales originales pour les formes palissées (espalier et contre-espalier) : palmette Verrier (un U à l’intérieur d’un autre U), double U (deux U l’un à côté l’un de l’autre), pyramide… Pour équilibrer les charpentières entre elles, aller sur la page « principes de base des arbres fruitiers ».
Pour les arbres de plein vent, il faut d’abord un tronc, plus ou moins haut, à partir duquel on fait partir des grosses branches charpentières, à l’oblique.
Sur ces charpentières, poussent des rameaux. Il faut sélectionner ceux qui sont implantés sur les côtés, et partant à l’horizontale,. Supprimer ceux qui partent dessus et dessous des charpentières. Ces rameaux se nomment coursonnes (fruitiers à pépins) ou chiffonnes (fruitiers à noyaux). C’est sur eux que l’on aura des fruits.
Arbre de plein vent (gobelet)
Espalier (exemple du double U)


Taille de fructification
Elle a pour but d’éviter l’alternance de grosses et petites productions de fruits entre les années. Il faut savoir reconnaître sur les jeunes rameaux les bourgeons à fruits des autres.
Taille d’hiver
Elle s’effectue lors du repos végétatif, en hiver, donc. Elle rassemble la taille de formation et la taille de fructification.
Taille en vert
Tout d’abord, le terme de taille en vert définit le fait de tailler avec un sécateur la végétation semi-ligneuse ou ligneuse durant l’été. Elle se fait lorsque l’arbre fruitier pousse, et a un feuillage vert. Elle permet de prolonger la taille d’hiver, et de gagner éventuellement un an dans l’établissement de l’arbre.
Par extension, on parle plus souvent de taille durant la pousse de l’arbre, quand on voit des feuilles vertes, par opposition à la taille d’hiver, lorsque la végétation est au repos.
De plus, la taille en vert concerne les arbres pouvant être taillés tout le long de l’année, comme les pommiers, poiriers et pêchers.
Les autres fruitiers à noyaux sont plutôt sensibles à l’action de la taille. Ils ont chacun leur période de taille.
Ayant lieu lorsque les arbres sont en végétation, la taille en vert consiste notamment à continuer la taille d’hiver, qu’il est par conséquent nécessaire de connaître et pratiquer.
Elle sert donc aussi à la formation des jeunes arbres. En étant plus pointu, on peut, par les ‘pincements’ (en réduisant la longueur du rameau), renforcer les coursonnes, ainsi que les boutons et dards, porteurs de fruits la ou les années suivantes.
On peut dire qu’avec ces interventions, on accélère la formation de l’architecture de l’arbre, ainsi que sa fructification. Elle permet de gagner facilement un an dans le processus de taille du fruitier.
On peut ébourgeonner (enlever les bourgeons) avec les doigts seuls, au printemps, lorsque les parties à enlever sont encore vertes (herbacées).
Lorsque ces petits bois sont semi-ligneux, il faut utiliser le sécateur (taille en vert à proprement parler).
On peut à ce moment-là sélectionner de futures coursonnes porteuses de fruits. Elles devront être peu vigoureuses, de direction horizontale ou oblique. Si un rameau a tendance à aller vers le haut, il est programmé pour produire du bois, et peu de fruit (c’est le cas des ‘gourmands’). Moins il aura cette tendance, plus il sera alimenté en sève élaborée et moins en sève brute, et plus il voudra produire des fleurs et donc des fruits.
Ainsi, si à un même point de la charpentière, plusieurs rameaux partent, il faudra conserver le rameau qui va à l’horizontale.
Sur les fruitiers à pépins, on peut déjà apercevoir des yeux d’où partent au moins 5 feuilles. A cet endroit, on aura un bouton à fleurs, visible l’hiver suivant.
Rappel :
– ébourgeonner : enlever un œil encore vert, avec les doigts
– épamprer : enlever une fleur, avec les doigts
– taille en vert : dans le courant de l’été, les pousses de l’année deviennent semi-ligneuses ; il faut donc utiliser le sécateur ; on l’utilise sur les arbres
vigoureux ; il s’agit d’enlever les parties non utiles pour la fructification ou la formation du jeune arbre
– égourmander : couper les bois vigoureux allant vers le haut, et jugés inutiles pour la suite ; leur suppression va donner de la force aux autres parties voisines
– pincements : taille d’une partie de jeunes rameaux, pour renforcer ces derniers ou certaines futures inflorescences